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Page:Maxence Van der Meersch La Maison dans la dune 1932.djvu/259

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la maison dans la dune

sage, l’effleurait d’une dernière caresse. Sa main droite tenait toujours sa blessure fermée. De la gauche, il palpa son corps, le sentit à peine. Cette belle et robuste machine ne lui appartenait déjà plus. Et son bras s’appesantissait, retombait à son côté sans qu’il le voulût.

Sylvain sut alors qu’il allait mourir sans revoir Pascaline. Et pour la première fois, il se sentit lâche, il pleura désespérément.

Il voulut crier encore. Et il n’émit qu’un son confus, inintelligible. Sa bouche s’embarrassait dans un mucus mousseux, à goût de sang. Cette mousse, il n’avait plus la force de la cracher, elle sortait en gargouillant, malgré lui, de sa gorge, coulait en bave rougeâtre sur son menton, inondait tout son visage…

Et d’ailleurs, la suprême indifférence entrait en lui. Sa pensée, de plus en plus s’obscurcissait. Tout lui paraissait confus, lointain, hors de son être. Germaine, Lourges, César, Pascaline même, ce n’étaient plus que des mots, des fantômes qui s’embrumaient lentement dans sa mémoire. Lui-même, Sylvain, ce n’était plus qu’un rien, un corps insensible sur lequel il concentrait un reste de lucidité agonisante…