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LA CACHE AUX CANOTS

nocturnes, se drapant dans cette lumière argentée ; au loin, à l’occident, Amiscou apercevait un coin du ciel qui se rayait encore de pourpre et d’orange… il savoura en artiste le charme du moment… À ses pieds, luisant dans un rayon de lune, le petit ruisseau semblait un ruban de lumière, se détachant sur le sol foncé de la forêt… et le solitaire, en contemplant cette douce clarté, crut, pour un instant, qu’il venait d’y voir la figure du martyr dont le souvenir hantait toujours sa pensée…

À ce moment, une petite bête velue fila près de lui… il chercha en vain à la saisir… c’était un castor. Le petit fourré se lança dans la caverne, Amiscou en ferma aussitôt l’entrée.

— Je le prendrai, demain, au petit jour, se dit-il. Mais le lendemain, le castor avait disparu, ce qui intrigua beaucoup l’Indien, car il n’y avait aucune ouverture à l’intérieur de la grotte…

Le canot était fini depuis plus d’une semaine et le chasseur ne revenait pas… Amiscou avait été si occupé pendant quelque temps qu’il se trouva un peu désemparé. Jeannot lui dit :

— Pourquoi n’en commences-tu pas un autre ? Il y en aurait ainsi un pour père et un pour toi ! L’Indien resta songeur pendant quelques moments, puis il dit :

— Amiscou n’a qu’un bras, il ne peut pas avironner !