IV
LA BATAILLE SUR MER
ES longues semaines en mer ne furent pas aussi
dures, pour Marc, qu’on aurait pu le croire.
Cet enfant bien né, qui avait été choyé et adulé
par sa mère, avait cependant dans les veines le sang
d’un marin et de son ascendance bretonne et normande,
il tenait une endurance remarquable et un
caractère courageux. Si les jours étaient parfois
fatigants, les heures de travail longues, une nuit de
lourd sommeil dans son hamac de mousse le mettait
frais et reposé pour le lendemain.
Il se fit vite des amis à bord, parmi ces vieux loups de mer qui aimaient la mine éveillée, la repartie toujours prête de ce gosse dont l’endurance et la crânerie leur plaisaient.
L’un des matelots était son ami attitré. Il s’appelait Martin Maltais, mais à cause de sa figure fort laide, on l’avait surnommé « Martin Le Bourru ».
— Pourquoi t’appelle-t-on ainsi ? lui demanda Marc un jour. Tu n’es pas bourru du tout !