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MOMENT DE VERTIGE

— Jimmy ira au bureau de poste, demain, dit-il. Vous n’avez pas de lettres ?

— Non. Mon rapport à la compagnie est parti par le dernier courrier, il y a trois jours.

— Savez-vous, Pierre, dit Dick, je m’étonne toujours de ne pas vous voir écrire des lettres personnelles !

— Vous, Dick, vous écrivez à votre mère… à votre fiancée… C’est différent !

— Et vous ? Vous n’écrivez jamais à votre famille ?

— Je n’ai pas de famille dit Pierre d’une voix sourde, je suis seul !

— Seul ? Pourtant vous êtes jeune, malgré vos cheveux gris ! Je ne veux pas être indiscret, mais je vous vois triste… si vous me parliez un peu de votre vie, est-ce que ça ne vous ferait pas du bien ?

— Non ! ça me ferait mal ! La vie est injuste ! La famille est injuste ! Tout est faux et vide… sauf la vie des bois et l’amitié d’un bon type comme vous, Dick !

— Comme vous voudrez, mon vieux, je n’insiste pas… je vous voyais sombre, et ça soulage parfois de parler ! Mais il est tard, je me couche !

— Moi aussi, dit Pierre. Quel bienfait que le sommeil qui amène l’oubli !

— Profitons-en de ce bienfait, dit Dick. « Let’s turn in ! »

Une demi-heure plus tard les deux jeunes gens