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MOMENT DE VERTIGE

Ils revinrent à pas lents, émus de se retrouver ainsi…

En passant devant le presbytère, ils entrèrent pour voir le bon curé qui accueillit Marthe avec une joie paternelle.

Après une courte visite, ils se dirigèrent vers ce que Marthe appelait encore « la maison ». Noël lui dit qu’elle continuait d’être inoccupée… Avec une émotion indicible, elle revit le gravier de l’avenue, le feuillage touffu des massifs, les grands peupliers… Sous les lilas en fleurs, dont le parfum grisant embaumait l’air du soir, Noël entoura la jeune fille de son bras et lui dit :

— Marthe, restez ! Voulez-vous ?

— Si je pouvais… répondit-elle, troublée.

— Vous le voudriez ?… Ne me leurrez pas d’espérance, si vous n’êtes pas sûre !

— Il y a une chose dont je suis sûre, dit Marthe avec un sourire vous ne m’avez jamais dit que vous m’aimez !

— Je ne vous l’ai pas dit, Marthe, ma bien-aimée, dit Noël d’une voix que l’émotion rendait basse et tremblante, c’est que je craignais de vous perdre par un aveu trop ardent… mais je ne puis plus me taire ! Ah oui, je vous aime ! Je vous aime de toute ma longue attente, de toute ma jalousie que j’ai su vous dissimuler, de toute mon âme de campagnard qui adore ce coin de terre parce que vous