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MOMENT DE VERTIGE

quoi n’en comprenait-elle pas jadis, la beauté ?… Ce ciel d’azur sans nuages, cette vallée riante que borde la rivière à reflets miroitants, ces grands arbres où nichent les merles et les hirondelles, ces champs verts déjà fleuris de marguerites, de bleuets et de boutons d’or… surtout cette délicieuse tranquillité, et le murmure de la brise dans les feuilles, qui berce délicieusement l’hymne enivrant d’amour que chante son cœur…

Ce soir là, Noël apprit à Marthe le désir exprimé par son père mourant et il lui avoua avoir lui-même acheté du premier acquéreur la maison de ses parents dans l’espoir de l’y ramener un jour…

Marthe mit la fidèle Marcelline dans sa confidence et celle-ci, surprise et joyeuse, lui dit :

— C’est donc pour ça que l’bon Dieu m’a guérie ! Pour que j’r’tourne à la maison pour vous servir, pi élever vos p’tits enfants !

Le curé, à qui Marthe voulut annoncer elle-même ses fiançailles, se réjouit vivement.

— C’est, ma chère enfant, dit-il, non-seulement le gage de votre bonheur, mais c’est l’accomplissement du dernier désir de votre père, exprimé le jour même de sa mort. En souvenir de vos parents, lorsque la date sera fixée, venez passer à Bellerive les quelques jours qui précéderont votre mariage, afin de permettre à votre vieux curé de vous unir devant Dieu à l’homme intègre et loyal qu’est Noël Lefranc !