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et nations peuvent désormais pâlir et s’éclipser comme les Égyptiens après la conquête persane, comme les Phéniciens eux-mêmes depuis que leurs disciples étaient devenus leurs maîtres : le flambeau de la civilisation universelle va se transmettre de main en main jusqu’à l’époque présente.

Ainsi, après la destruction du Sérapéum et de la bibliothèque d’Alexandrie par les moines chrétiens ; après le martyre de la mathématicienne Hypatie et l’établissement de la théocratie papale à Rome, de celle des évêques et des patriarches en Orient, le souffle de l’ascétisme semble bien près d’étouffer la lumière et de replonger le monde méditerranéen dans les ténèbres de la barbarie[1] ; mais, au moment suprême, les Sémites de l’Asie antérieure viennent encore une fois au secours de l’Europe aryenne : les Arabes convertis à l’Islam, poussant devant eux les Libyens et les Berbères, traversent en vainqueurs le littoral africain de la Méditerranée et viennent fonder en Espagne ces États maures, qui, jusqu’aux jours meilleurs, seront pour l’Europe le seul abri de la philosophie, de l’industrie, des sciences et des arts.

La période méditerranéenne de l’histoire universelle n’embrasse pas seulement ! les brillantes civilisations écloses sur les bords de ce vaste golfe africo-européen qui présente le type le plus heureux, mais non l’exemple unique d’une mer intérieure. Le

  1. Voir Draper, les Conflits de la Science et de la Religion et Duruy, Histoire des Romains, t. IV et suiv.