Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/225

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du lieu jusqu’où ils l’avaient remonté, que, à leur retour, ils rapportèrent à l’empereur avoir réellement vu le Nil surgir d’entre les deux collines Krophi et Mophi, aux fontaines insondables. Une moitié des eaux du gouffre, disaient-ils, se dirige vers le nord et forme le Nil Hapi des Égyptiens ; l’autre s’écoule vers l’Éthiopie et s’y perd en des marais infranchissables.

Pour Ptolémée, comme pour nos explorateurs modernes, le problème des sources du Nil n’était donc qu’une simple question de géographie ; pour les Égyptiens même longtemps après la chute de leur empire, elle restait dans le domaine sacré des mystères de la religion, domaine où la solution la moins compatible avec les lois naturelles les mieux établies est précisément celle que le croyant embrasse avec le plus de ferveur… On n’avait jamais vu de rivière sourdre du milieu, voire même près de la fin de son cours ; mais, quel autre fleuve pouvait se comparer au Nil, au divin Hapi ? À mon avis, la simple juxtaposition des deux réponses au problème du Caput Nili, celle du géographe macédonien d’Alexandrie et celle des prêtres de Saïs, permet d’apprécier, d’un coup d’œil, la différence entre l’esprit de la civilisation méditerranéenne et l’esprit de l’ancienne Égypte ; les résultats militaires de l’expédition de Ptolémée Philadelphe amenaient le Grec Ératosthène, cité par Strabon, à conclure que le Nil à son origine dans les grands lacs de l’Afrique équatoriale, tandis que les ministres