Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/278

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Et le contraste est en effet frappant, tant au point de vue de l’aspect, de la constitution géologique du sol, qu’à celui du climat, de la végétation, des populations peut-être, mais, à coup sûr, des destinées historiques : au nord, les plaines de formation secondaire, relativement élevées et ondulées, et dont la merveilleuse fécondité est due aux pluies abondantes des saisons équinoxiales. Au sud, les terres basses et plates, produisant seulement de maigres salsolées, et l’absinthe au parfum amer, partout où ne pénètre point la fertilisante inondation, dirigée par le travail coordonné de multitudes d’hommes qui ont sacrifié leur indépendance individuelle à une solidarité intime et de toutes les heures. Au nord, « les fils de Sem, Assour, Arpaxad, Loud et Aram » ; au sud, « une grande quantité d’hommes de nations différentes[1] », cette confusion d’idiomes que la Bible a symbolisée dans l’épisode fatidique de la tour de Babel, et où l’on entrevoit au premier plan l’engeance réprouvée de Cham, ces Kouchites (Kosséens, Kissiens) à peau noire, déjà rencontrés en Égypte, et que les auteurs classiques nous représentent comme des Éthiopiens immigrés de l’Afrique tropicale. Au nord, dans l’Asie sémite, les palais des Salmanassar, des Saryoukin,

  1. Le chap. X, v. 22, de la Genèse, auquel j’emprunte ces mots, et dont le témoignage s’accorde, d’ailleurs, sur ce point, avec le § 2 du fragment I de Bérose (Ch. Muller, dans la Bibliothèque gréco-latine de Didot, t. II), mentionne en premier lieu, parmi les fils de Sem, cet Élam dont il sera question plus loin.