Page:Mechnikoff - La civilisation et les grands fleuves historiques.djvu/303

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Il y a, du Palus Mœtis au Phase, fleuve de Colchide, trente journées de chemin pour un bon marcheur ; de la Colchide à la Médie la distance est courte ; car, entre les deux contrées, il ne se trouve qu’une nation, les Saspires…. Les Scythes, toutefois, n’y entrèrent pas de ce côté ; ils prirent une route beaucoup plus longue en tournant le Caucase et en le laissant à droite. Auprès des monts, les Scythes et les Mèdes se heurtèrent ; ceux-ci furent vaincus et perdirent l’empire de l’Asie dont les Scythes s’emparèrent…. Les Scythes furent maîtres de l’Asie pendant vingt-huit ans, et, par leur brutalité, par leur ignorance, ils bouleversèrent tout : car, outre les tributs, ils exigèrent de chacun ce qu’il leur convint d’imposer, et, de plus, ils rôdèrent sans relâche çà et là, pillant à leur gré. Enfin, Cyaxares et les Mèdes en invitèrent le plus grand nombre, les enivrèrent et les mirent à mort. »

Chose curieuse ! Dans ce récit, au lendemain même de la mort du glorieux Assour-bani-pal, il n’est plus du tout question du Sar de la Mésopotamie, du maître qui pourtant semblait réunir en lui toutes les forces militantes de l’Asie antérieure. Organisée pour la conquête et la rapine, la royauté assyrienne se montre impuissante à protéger le pays contre des hordes barbares, dont la puissance devait être toutefois bien éphémère, puisque la force des Mèdes, ces vaincus de la veille, a suffi pour les faire disparaître de l’histoire. Le subterfuge par lequel Cyaxares sauva la Mésopotamie du joug