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LE HOANG-HO ET LE YANGTSE-KIANG.

mongole. Tout ce qu’ont de vie policée ces tribus hétérogènes, Kalmouks des steppes russes et Annamites du Tonkin, Tongouzes de la Sibérie, Mandchous de l’Amour et de l’Oussouri, mariniers du Fokieñ et de Canton, émane d’un seul et même centre de civilisation, la « Terre des Cent Familles ». Et quoiqu’il soit difficile de regarder le Nippon comme une simple annexe de l’Asie continentale, on ne peut cependant méconnaître que si le Japon n’avait eu la fortune d’allumer son flambeau au puissant foyer du Céleste Empire, il serait peut-être resté ce que sont les Philippines avec leurs Tagals et leurs Visayas.

Par son énorme étendue, de la mer Caspienne au golfe de Yeddo et du cap Cambodge au lac Baïkal, le domaine de la civilisation chinoise dépasse celui des plus grands empires d’autrefois : nous ne croyons pas exagérer en évaluant au tiers des humains le nombre des créatures pensantes qui, pour supputer le temps, font usage du cycle binaire sexagénal des Chinois. Or, le « Fils du Ciel » compte parmi ses sujets tous ceux qui acceptent encore le calendrier de Pékin[1], qu’ils aient reconquis leur indépen-

  1. On distingue en chinois deux sortes de terminaison en n ; dans l’intérêt de la nomenclature géographique et historique, il me semble important d’en tenir compte : il est d’usage de représenter par ng, une fin de mot qui se prononce comme celle du français « crâne ». La prononciation de l’autre est absolument identique à celle du gn français dans « montagne ; » il me parait plus simple de la rendre par ñ espagnol : ainsi Pékin se prononce Pékine, et chañ, montagne, chagne.