Page:Meilhac, Halévy - Le Château à Toto.pdf/15

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JEANNE.

Avec les cocottes ?…

CRÉCY-CRÉCY.

Je te dis ces mots-là parce que je sais que tu que tu ne peux pas me comprendre… Après quatre ans de cette existence, il est arrivé ce qui devait arriver… Un jour, le bruit s’est répandu que le jeune comte, à bout de ressources, allait être obligé, pour payer ses dettes, de vendre le château de ses pères.

JEANNE.

Pauvre jeune homme !

CRÉCY-CRÉCY.

La nouvelle était vraie. (Il remonte au fond.)[1] Là-bas, à l’horizon, le manoir des Crécy-Crécy est debout encore, et demain, moi, baron de Crécy-Crécy, j’aurai acheté le château de La Roche-Trompette, afin d’en faire une écurie pour mes chevaux et un chenil pour mes chiens.

JEANNE.

Est-ce vraiment votre intention ?

CRÉCY-CRÉCY.

Ah ! ah ! je le crois bien que c’est mon intention.

JEANNE.

Mais cependant… si une autre personne…

CRÉCY-CRÉCY.

Une autre personne…

JEANNE.

Oui… si une autre personne allait acheter…

CRÉCY-CRÉCY.

Et qui donc l’achèterait ?… personne n’a le sou ici. Qui donc pourrait lutter contre un homme de qui la fille, le jour où elle quittera son vieux père pour suivre le polisson qu’elle aimera, pourra dire au polisson : « Regarde, satané polisson, dans chacune de mes mains il y a un million… » O ma fille !… tu ne les as pas perdus les deux millions que ton père t’a donnés…

  1. Jeanne, Crécy-Crécy.