Page:Meilhac et Halévy - La Vie parisienne, 1866.djvu/68

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GARDEFEU.

Elle est aux Italiens sans son mari, et à minuit elle rentrera seule chez moi…

BOBINET.

Et tes affaires, comment marchent-elles ?…

GARDEFEU.

Tu vas en juger… Ce matin, elle me dit : venez me prendre à trois heures avec une voiture… Je fais atteler ma calèche, et à trois heures, j’arrive… La baronne parait… avec son mari. J’aurais préféré que le mari n’y fût pas… Enfin ! ils s’installent et me disent de monter… Je veux monter dans la voiture… Eh bien ! qu’est-ce que c’est ? me dit fièrement le baron… montez à côté du cocher… et menez-nous au bois de Boulogne, autour du lac !… Au bois de Boulogne… autour du lac… à côté de mon cocher !… J’essaie de faire entendre à ce baron que maintenant l’usage du grand monde est d’aller se promener au bois de Vincennes… Il est très-bien le bois de Vincennes…

BOBINET.

On y voit des artilleurs…

GARDEFEU.

Justement, c’est ce que je lui ai dit… Je tiens à aller au bois de Boulogne, me répond ce mari, marchez !… et nous marchons… J’étais dans un état… si tu veux voir un homme qui n’a pas manqué son effet… tout Paris élégant était au Bois… Il y avait là Carcasson, Bonnivet, Pitou.

BOBINET, avec éclat.

Pitou est à Paris…

GARDEFEU.

Oui…

BOBINET, amèrement.

Et il n’est pas venu me voir…

GARDEFEU.

Il y avait Lagingeole, Tristapatte et Doublemar… Il est bien changé, Doublemar.

BOBINET.

Ça ce n’est pas un mal… il y aurait du changer plus tôt. — Enfin, tout ce qu’il y a de plus distingué était au bois…