Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, II.djvu/16

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JOSEPH.

- Donnez. Je la lui remettrai tout à l'heure. 

Urbain sort. Par la porte de gauche, qui ouvre sur la salle à manger, Henriette entre au bras de Boisgommeux.

HENRIETTE, exaspérée.

- Oh! oh! oh!... Oh! oh! oh! oh!... 

BOISCOMMEUX, essayant de la calmer.

- Voyons, marquise, voyons... 

HENRIETTE.

- C'est à n'y pas tenir... être liée pour la vie à un pareil homme !

Kergazon est entré à temps pour entendre cctte phrase : il regarde sa femme avec une compassion dédaigneuse. Henriette fait un mouvement comme si elle allait s'élancer sur lui ; Boisgommeux la retient.

B O 1 S G O M M E U X .

- Voyons, marquise, voyons! 

KERGAZON, à Joseph.

- Est-ce que l'on n'a pas apporté une lettre pour moi? 

JOSEPH, remettant la lettre.

- Si fait, monsieur. 

KERGAZON

- A la bonne heure ! 

HENRIETTE, à part. Oh! cette voix, surtout, cette voix !...

KERGAZON, à qui Joseph vient de donner la lettre.

- C'est bien cela, c'est la réponse de Me Canivet... 

Joseph sort. — Kergazon lit tout bas.

HENRIETTE, à Boisgommeux.

- Un homme qui est riche, qui est marquis... marquis de Kergazon... et qui, au lieu de mener la vie d'un gentilhomme, mène celle d'un rat de bibliothèque ; un homme qui m'a, moi, pour femme... et qui, au lieu de s'occuper de moi, passe son temps à écrire une histoire