Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, II.djvu/84

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KERGAZON. Ah !

HENRIETTE, avec transport. Mais vous ne comprenez donc rien ? Vous ne voyez donc pas qu'une révolution s'est faite en moi, et que je ne suis plus la même femme ?

KERGAZON. Absolument la même, au contraire : ne pensant jamais qu'à m'être désagréable.

HENRIETTE, froissée. Ah !

KERGAZON, avec mauvaise humeur. Ah ben !...

HENRIETTE. C'est mal, ce que vous venez de dire là, c'est mal.

KERGAZON. Mettez-vous à ma place !...

HENRIETTE. Vous y tenez donc bien, à cette séparation ?

KERGAZON. J'avais déjà arrangé ma vie dans ma tête... Elle était charmante, ma vie, telle que je l'avais arrangée...

HENRIETTE. Eh bien, soit ! nous nous séparerons. (Elle se lève.) Mais ne me demandez pas de vous accuser... je ne pourrais pas... Un homme comme vous !... Ah !... non... je ne vous accuserai pas... La séparation ne sera pas prononcée contre vous, mais, si vous voulez, je vous donnerai un moyen de la faire prononcer contre moi. En vous quittant hier, je vous ai laissé croire que j'allais chez ma tante. Ce n'est pas chez elle que je suis allée... J'ai passé ma nuit en chemin de fer, et, ce matin, sur les neuf heures, je suis arrivée chez...