Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, IV.djvu/300

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RONDEAU.
Autrefois plus d’un amant,
Tendre et galant,
De sa maîtresse osait voler le gant ;
Au plus vite il l’emportait,
Il le cachait,
Et de baisers ardents le dévorait.
Il couvait ce cher trésor
Mieux que son or
Il l’embrassait et l’embrassait encor.
Et puis, quand on se quittait
On conservait
Ce gant mignon, souvenir qui restait.
Et plus tard, on le trouvait,
Quand les amours étaient finies
Dans le fond d’un vieux coffret,
A côté des lettres jaunies.
On gardait nos gants jadis,
En souvenir de nos menottes
Maintenant nos bons amis
Pourront aussi garder nos bottes,
Et plus tard nos amoureux,
Devenus vieux,
En rempliront une armoire chez eux ;
Tout rêveurs, ils l’ouvriront,
Contempleront,
Et les voyant, ces bottes, ils diront :
« Celle-ci, c’était madame
Paméla de Sandoval,
A qui je donnai mon âme,
Par un soir de carnaval.
Celle-là, c’était Denise
La friponne aux blonds cheveux.

Prenant deux bottes de femmes dans les mains de Frick.

La comtesse et la marquise,
Les voici toutes les deux.
O transport d’un cœur glacé !
Rêve effacé !
Ces bottes-là c’est tout notre passé !
FRICK.

Vous êtes charmante… il faut que je vous embrasse.