Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, VII.djvu/443

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CARMEN.

Mets tout cela ici… d’un seul coup… n’aie pas peur… (Pastia obéit et la moitié des objets roule par terre. Ça ne fait rien… nous ramasserons tout cela nous-mêmes… sauve-toi maintenant, sauve-toi, sauve-toi ! (Pastia sort.) Mets-toi là et mangeons de tout ! de tout ! de tout !

Elle est assise ; José s’assied en face d’elle.
JOSÉ.

Tu croques les bonbons comme un enfant de six ans…

CARMEN.

C’est que je les aime… Ton lieutenant était ici tout à l’heure, avec d’autres officiers, ils nous ont fait danser la romalis…

JOSÉ.

Tu as dansé ?

CARMEN.

Oui… et quand j’ai eu dansé, ton lieutenant s’est permis de me dire qu’il m’adorait…

JOSÉ.

Carmen !

CARMEN.

Qu’est-ce que tu as ?… Est-ce que tu serais jaloux, par hasard ?…

JOSÉ.

Mais certainement, je suis jaloux…

CARMEN.

Ah bien !… Canari, va !… tu es un vrai canari, d’habit et de caractère… Allons, ne te fâche pas… Pourquoi es-tu jaloux ? parce que j’ai dansé tout à l’heure pour ces officiers… eh bien, si tu le veux, je danserai pour toi maintenant, pour toi tout seul.