Page:Meilhac et Halévy - Théâtre, VIII.djvu/162

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Un traitant
Bien portant…
Cachons-nous ;
Les bijoux,
Les écus
Du Crésus
Vont bientôt
Faire un saut,
De sa poche dans notre poche.
Il approche, il approche…
Chut ! chut ! chut !

Ils se cachent derrière les piliers. — Arrive un gros financier fort bien mis et marchant d’un pas délibéré.

LE FINANCIER.

Après un bon dîner, il n’est rien de plus sain Que de rentrer à pied, m’a dit mon médecin.

Cela dit, le financier va reprendre sa course interrompue ; mais, quand il se retourne, il voit une dizaine de pistolets braqués sur lui : il se met à trembler de tous ses membres. Les voleurs, avec beaucoup de douceur, lui enlèvent sa montre, ses bijoux, son argent, son chapeau, sa canne, son habit, son gilet, sa cravate. Ils font mine de commencer à lui enlever sa culotte : supplications du financier ; il gardera sa culotte. Les voleurs l’invitent à déguerpir : il se sauve en courant ; on lui enlève sa perruque. — Au moment où il détale, on entend le chœur suivant, chanté dans la coulisse par les pages du Régent : les voleurs immobiles écoutent.

CHŒUR DES PAGES, au dehors.
Nous avons chez la Cydalise
Fait ce soir une chère exquise,
Et maintenant,
Riant,
Chantant,
Nous rentrons chez nous
Bras dessus dessous.
UN VOLEUR.
Qui vient là ?
UN AUTRE VOLEUR.
Qui vient là ? Des enfants…
Les pages du duc d’Orléans.

Les voleurs se cachent de nouveau derrière les piliers. Paraissent Ravannes et les autres pages. – Ils sont légèrement gris. – Ils reprennent le chœur.