Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/103

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yisun յիսուն « 50 » (de *hingisun) cf. gr. πεντήϰοντα (pentêkonta), skr. pañcā-çát- ;

vat‘sun վաթսուն « 60 » ; — ewt‘anasun եւթանասուն « 70 » ; — ut‘sun ութսուն « 80 » ; — innsun իննսուն « 90 » n’appellent pas d’observations.

Le nom de nombre « 100 » hariwr հարիւր est d’origine inconnue ; erkeriwr երկերիւր « 200 » est *erki-(h)ariwr traité phonétiquement ; hazar հազար « 1000 » et biwr բիւր « 10.000 » sont des emprunts à l’iranien (cf. av. hazanra- et baēvar-).

Le suffixe des ordinaux a dû être en -r-, à en juger par eri-r երիր « troisième » ; il est ordinairement élargi par -ord –որդ (instr. -ordaw –որդաւ), ainsi erkr-ord երկրորդ « second », errord երրորդ « troisième » ; le « cinquième » est hinge-r-ord հինգե–ր–որդ, dont le e ե a passé aux noms de nombre suivants : vec̣-erord վեց–երորդ « sixième », etc. Ces formations sont propres à l’arménien.

Parmi les adverbes indiquant répétition, il faut citer erkic̣s երկիցս « deux fois » qui rappelle pour la forme v. h. a. zwiski « double ».

III. ADVERBES.

71. — Les adverbes sont d’anciennes formations fléchies fixées et isolées de l’ensemble de la flexion ; la fixation peut être ancienne ; elle est indo-européenne dans heru հերու « l’an dernier », cf. gr. πέρυσι (perusi) ; mais la plupart des adverbes que présentent les diverses langues indo-européennes n’ont été fixés à l’état d’adverbes qu’au cours du développement particulier de chacune. Beaucoup se laissent immédiatement expliquer : y-et յ–ետ « après » est le locatif et y-etoy յ–ետոյ « en arrière de » l’ablatif de het հետ « trace » (thème en -o-) : d’autres sont obscurs ; parfois la forme ne rentre dans aucun type connu de flexion, ainsi i mêǰ ի մեջ « au milieu » est un locatif clair et i miǰoy ի միջոյ l’ablatif correspondant, mais i miǰi ի միջի, par exemple dans i miǰi merum ի միջի մերում « au milieu de nous », ne représente aucune forme connue d’un thème en -o- tel que l’est mēǰ մեջ ; d’autres fois, le sens a divergé : on n’aperçoit pas du premier coup d’œil que art- արտ– « dehors » est le locatif de art արտ « champ » (avec un t տ énigmatique en regard de gr. ἀγρός (agros),