Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/118

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lat. ēg-is-ti, ēg-is-tis, ēg-er-ā-s (où -er-ā- repose sur *-is-â-). Voir L. Mariès. Sur la formation de l’aoriste et des subjonctifs en -ç- (–ց–) en arménien. Revue des Études arméniennes, t. X, 1930, p. 167-182. Quatre verbes ont seulement -a- –ա– : asem ասեմ « je dis », asaçi ասացի ; gitem գիտեմ « je sais », gitaçi գիտացի ; mart‘em մարթեմ « je puis », mart‘açi մարթացի ; karem կարեմ « je puis », karaçi կարացի.

Le suffixe du participe en -lo –լո– s’ajoute aussi à -ea- –եա– dans les verbes à présent en -e- –ե– et -i- –ի–, aoriste en -eaç- –եաց– ; ainsi gorc-ea-l գործ–եա–լ « fait, ayant fait », comme gorc-ea-ç գործ–եա–ց « il a fait » et dans tous les verbes à aoriste radical, ainsi aṙeal առեալ « ayant pris » en face de aṙi առի « j’ai pris ». — C’est de là qu’a été transporté -eal –եալ dans les autres verbes où le participe est tiré de l’aoriste en -ç- –ց– : baçeal բացեալ « ayant ouvert » de baçi բացի « j’ai ouvert » ; zgeçeal զգեցեալ « s’étant habillé » de zgeçay զգեցայ, asaçeal ասացեալ « ayant dit » de asaçi ասացի, etc.

Déverbatifs.

85. — L’arménien n’a qu’un type de verbes dérivés d’autres verbes, les factitifs en -uçanem –ուցանեմ, aoriste -uçi –ուցի (3me pers. sing. -oyç –ոյց) ; ces factitifs sont régulièrement tirés de l’aoriste, que celui-ci soit radical ou avec -ç- –g– :

p‘ax-eay փախ–եայ « j’ai fui » : p‘ax-uçanem փախ–ուխանեմ « je fais fuir » ;

mecaç-ai մեծաց–այ « j’ai grandi » : mecaç-uçanem մեծաց–ուցանեմ « je fais grandir, je magnifie ».

Ce -ç- (–ց–) rappelle gr. –σϰω (skô), lat. -scô ; la diphtongue -oy- –ոյ– qui précède représente un ancien élargissement en -u- –ու–, cf. gr. ὀρούω (orouô)) de *ὀρ-ού-y-ω (*or-ou-y-ô) et c’est l’aoriste en -uçi –ուցի qui a servi de base au causatif en -uçanem –ուցանեմ (cf. M. S. L. XVI, p. 246, et XXII, p. 47) ; la caractéristique nasale du présent résulte d’une addition postérieure, comme dans harçanem հարցանեմ « je demande » (v. § 76).

Cette formation est si étroitement associée à la conjugaison que, dans les verbes qui, comme ceux à aoriste en -eay –եայ, n’ont pas de participe en -eal –եալ c’est le participe du factitif qui en