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de diphtongue -y –յ après voyelle, donc dans les aoristes moyens : ber-i բեր-ի « j’ai porté » ; bera-i բերա-ի « j’ai été porté », et de même ełē եղէ (de *ełe-y) « je suis devenu » ; la 1ère personne n’est donc jamais monosyllabique et n’a par suite pas d’augment, non plus que toutes les formes autres que celle de 3me personne du singulier, sauf dans quelques verbes anomaux (v. §§ 101 et 102).

La 2me personne du singulier a une finale -r –ր : bere-r րհրե–ր « tu as porté », bera-r րերա–ր « tu as été porté » ; c’est sans doute la même particule qu’à l’impératif, ou plutôt c’est une forme influencée par l’impératif ; l’e thématique du védique bháraḥ, homérique φέρες est conservé par suite de l’addition de cette particule : berer բերեր est *bheres-r(e) (v. § 88).

La première personne du pluriel est en -ak‘ –աք pour l’actif et pour le moyen : berak‘ բերաք « nous avons porté », et « nous avons été portés » ; l’absence de -m- de la désinence correspondant à skr. -ma, gr. μεν, etc. ne peut être qu’analogique, comme dans berçuk բերցուք « que nous portions » (§ 91). La voyelle a dans la forme active est inexpliquée.

La 2me personne du pluriel est en -yk‘ : berēk‘ բերէք « vous avez porté » (de *bereyk‘), berayk* բերայք « vous avez été portés » ; berē-k‘ բերէ–ք répond bien à skr. bhárata, gr. φέρετε et n’appelle pas d’observation. Le -k‘ –ք est celui du pluriel comme au présent. — Il y a des exemples d’une 2me pers. pl. du type médio-passif en -aruk‘ –արուք qui sert aussi à l’impératif (v. § 89), p. ex. Luc XIII, 34 քանի՞ ցս անգամ կամեցայ ... եւ ոչ կամեցարուք « ποσάϰις ἠθέλησα… ϰαὶ οὐϰ ἠθἐλήσατε » ; Mat. V, 21, 27, 33, 38, 43 : luaruk‘ լուարուք « ἠϰούσατε » ; XIII, 18 : զառակ սերմ անազանին « ὑμεῖς οὖν ἀϰούσατε τὴν παραβολὴν τοῦ σπείραντος ; XV, 10 լուարուք եւ ի միտ առէք « ἀκουέτε ϰαὶ συνιέτε ») etc.

Pour la 3me personne du pluriel, c’est sans doute *bern (d’où *beṙn) qui devrait répondre à védique bháran, homér. φέρον, de i.-e. *bheront, car la forme isolée ekti եկն « il est venu » en face de skr. ágan (de *agant, ancien *egemt) montre que n du groupe *-nt final se conserve en arménien ; mais les finales attestées sont pour l’actif -in –ին : berin բերին « ils ont porté », pour le moyen