Page:Meillet - Esquisse d'une grammaire comparée de l'arménien classique (1936).djvu/133

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berem համ–բերեմ «  je supporte  » ; ham-arjakim համ–արձաԿիմ « je m’enhardis » de arjak արճակ « libre » ; cf. gr. ἀνα- (ana-) ? ;

n(i)- ն(ի)– dans n-stim ն-սաիմ « je m’assieds » v. § 15 ; hayim հայիմ : n-ayim ն–այիմ « je regarde ».

Les préverbes arméniens sont étroitement unis à leur verbe ; souvent même, le verbe n’existe plus isolément et l’on n’arrive à l’isoler que par des rapprochements, ainsi z-armanam զ-արմանամ et ənd–armanam ընգ–արմանամ « je m’étonne ». Néanmoins le sentiment de l’existence du préverbe n’était pas perdu ; bien que *genum ne soit pas attesté isolément, le sentiment que dans z-genum զ–գենում « je m’habille », z- զ– est préverbe a persisté, car le traitement du thème d’aoriste z-geç- զ–գեց– au subjonctif z-geç-çis զ–գեց–ցիu (et non *zgesçis *զգեսցիս) est celui d’un monosyllabe (v. § 24), et non celui d’un polysyllabe ; le rapprochement avec gr. (ϝ)έννυμαι ((w)ennumai) indique d’ailleurs que z- զ– est préverbe et ne fait pas partie de la racine. Ailleurs le traitement du subjonctif aoriste est la seule indication du préverbe, ainsi ən-t‘eṙnum ըՆ–թեռնում « je lis », subjonctif aoriste ənt‘erç-çis ընթերց—ցիս « que tu lises ».

Du verbe, le préverbe a passé aux substantifs apparentés, ainsi z-gest զ–գեստ « vêtement » d’après z-genum զ–գենում ; z-at զ–ատ « séparé » d’après z-atanel զ–ատանել etc. Les préverbes ont dû avoir préhistoriquement une importance plus grande que celle qu’on observe en arménien classique ; autrement on ne s’expliquerait pas des formes comme z-ard զ–արդ « ornement » en face de gr. ἀρτύς (artus), sans verbe immédiatement voisin (on a cependant z-ardarem զ–արդարեմ « j’orne »), n-eçuk ն—եցուկ « appui », en face de yenum յենում « je m’appuie », aoriste yeçay յեցայ) etc. — En arménien classique les préverbes sont à la veille de disparaître, et en arménien moderne ils ne jouent plus aucun rôle.

Verbes anomaux.

100. — Si l’on ne tient pas pour anomaux les verbes dont le présent et l’aoriste, fléchis d’une manière normale, ne se répondent pas dans les conditions ordinaires, ceux par exemple qui, comme yançanem յանցանեմ « je transgresse », ayant un présent à nasale en -ne- –նե– ont un aoriste en -ea- –եա–, comme yançeay յան-