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sk սկ, il s’agit donc d’autre chose que d’un primitif sk ; oskr ոսկր « os » ne peut être rapproché de cornique ascorn « jambe », av. ašču- « tibia », ce qui ne va d’ailleurs pas pour le sens, et doit remonter, avec une finale particulière, au mot d’où sortent aussi skr. ásthi « os », gr. ὀστέον (osteon) (v. § 22). De même *zgh a donné *j qui, entre voyelles, est devenu z զ. mozi մոզի « veau », cf. gr. μοσχίον (moschion). — D’une manière générale, une fois les cas de st et sp mis à part, un traitement arménien t et p de i.-e. t et p n’est pas attesté ; les exemples qu’on a proposés en grand nombre sont pour la plupart suspects en eux-mêmes et en tout cas inconciliables avec l’ensemble du traitement arménien des occlusives sourdes de l’indo-européen.

En ce qui concerne i.-e. t à l’intérieur du mot, on n’est pas encore parvenu à poser de règles fixes. Le t‘ թ attendu se trouve dans erewoyt‘ երեւոյթ, génit. erewut‘i երեւութի « apparition », où –թի– représente le suffixe indo-européen *-ti- dans canawt‘ ձանաւթ « connu », où le t‘- semble répondre au -t- de mots comme gr. ἀγνώς, ἀγνῶ-τ-ος (agnôs, agnô-t-os) ; dans but‘ բութ « émoussé », cf. got. bauþs « sans goût, muet ». Mais i.-e. t devant une voyelle de dernière syllabe qui tombe, devient y յ, par une transformation analogue à celle de p intervocalique en w ; ainsi le *-ti de la 3me personne du singulier active primaire des verbes est représenté par -y : ała-y աղա–յ « il moud », berē րերէ (de *bere-y) « il porte », cf. skr. bhárati « il porte » ; de même à la 2me personne du pluriel ała-y-k‘ աղա–յ–ք « vous moulez », berēk‘ բերէք (de *bere-y-k) « vous portez », cf. gr. φέρετε (pherete), v. sl. berete ; hayr Հայր « père », cf. gr. πατήρ (patêr) ; bay բայ « parole », cf. gr. φάτις (phatis). Après n et devant i final, i.-e. t n’est plus représenté par rien dans en են « ils sont », cf. skr. sánti, dorien ἐντι (enti) et dans k‘san քսան « vingt » (de *gisan), cf. béot. ϝίϰατι (wikati), lat. uīgintī. Si, comme l’indiquent ces exemples, le t de l’indo-européen devenu *t‘ a perdu son occlusion devant une voyelle (ordinairement de timbre e ou i) de la fin du mot, on attendrait en regard de gr. φάτις (phatis) une flexion bay բայ, génit. *bat‘i et le génitif bayi բայի devrait être tenu pour analogique du nominatif ; au contraire, le -t‘ du nominatif erewoyt‘ երեւոյթ serait analogique du génitif erewut‘i երեւութի. Cette question du traitement de i.-e. t à l’intérieur du mot arménien est encore obscure.

Dans du դու « toi », cf. lat. , etc. et dans la famille du dé-