Page:Meillet - Quelques hypothèses sur des interdictions de vocabulaire dans les langues indo-européennes, 1906.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 14 —

le mot zmĭjĭ est dérivé du thème à suffixe zéro *g1hem d’où zemlja lui-même est tiré) ; cette étymologie, due à M. Hirt et reprise par M. Lidén (Archiv f. slav. phil., XXVIII, 38), serait difficile à justifier si une interdiction d’employer le nom propre du « serpent » n’avait obligé à recourir à une périphrase obscure en elle-même, mais qui devenait claire par le fait qu’elle était le substitut d’un terme notoirement interdit, au moins dans certaines conditions. Le skr. uragaḥ litt. « qui va sur le ventre » se justifie peut-être de même.

« vert » lit. zaltỹs.

« répugnant » : v. sl. gadŭ « ἑρπετόν (herpeton) (ce mot désigne tout animal nuisible dans Euch. 59 a) ; cf. pol. żadny, etc. ; v. Zubatý, Archiv f. slav. phil., XVI, 422, et Brugmann, I. F., V, 375.

On peut même se demander si le skr. nagáḥ « serpent » ne serait pas plutôt l’équivalent phonétique de v. sl. nagŭ, lit. nů́gas « nu » qu’un mot apparenté au groupe germanique de v. isl. snákr ; si skr. nagáḥ appartient à ce dernier groupe, il signifie « rampant » à en juger par v. h. a. snahhan « ramper ».

Le nom indo-européen de la souris est établi par le rapprochement bien connu skr. mūs-, pers. mūš, v. sl. myšĭ, alb. , gr. μῦς (mus), v. h. a. mus, v. isl. mús, lat. mus. Il ne manque que dans deux langues où il est remplacé par des mots se rapportant à la couleur de l’animal ; en baltique on a lit. pelė̃, lette pele (et v. pruss. peles « muskel » Voc., qui atteste indirectement l’existence de pele et montre que ce mot a hérité de tous les em-