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vie et de ses jouissances. Il n’y a point de félicité sans passion ; mais il n’y a point de passion sans moralité : c’est le sentiment qui fixe l’éclair de nos sensations : c’est le sentiment qui les lie et leur donne une sorte de consistance ; il est le véritable enchanteur de nos sens, et lorsque leur puissance risque de s’éteindre, c’est lui qui le ranime ou qui sait lui préparer de nouvelles illusions : c’est donc l’épicuréisme même qui nous conseille de mêler du moins à nos plaisirs sensuels autant de raison, de morale et de délicatesse qu’il en faut pour nous en assurer l’endure et la meilleure jouissance.

Quoique Séligni parut avoir oublié ces utiles maximes ; quoiqu’il eût même un moment l’intention de les démentir par sa propre expérience, un sentiment plus fort que sa philosophie ne tarda pas à les lui rappeler.