Page:Meister - Betzi.djvu/302

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et d’augmenter sa fortune, l’autre d’en acquérir. J’étais le premier objet de tous leurs efforts, de tous leurs vœux, de toutes leurs espérances ; la sensibilité de l’un et de l’autre avait été profondément éprouvée, ce n’est que dans mon sein qu’elle retrouvait du calme et du bonheur, j’en étais devenue le repos et la vie. Eglof, avant que je me fusse donnée à lui, connaissait tout mon attachement pour son rival ; loin de chercher à m’arracher à ce premier engagement, la crainte de me faire perdre un ami tel que Séligni, un ami dont lui-même jugeait la tendresse si nécessaire à mon bonheur, l’engagea de la meilleure foi du monde à me conseiller de dérober encore à ses yeux l’intimité de notre liaison : il m’en coûta beaucoup de suivre ce conseil ; je comptais bien plus sur la franchise de mon caractère,