Page:Meister - Betzi.djvu/313

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que je sens peut-être encore mieux que lui ! Je le répétais à Séligni qui me répondait : Il faut bien que je l’aime pour l’amour de toi ; car si je l’aimais moins je le haïrais trop.

Ne devais-je pas penser qu’il n’était point d’existence au monde plus fortunée que la mienne ? deux êtres intéressans ne respiraient que pour la félicité de ma vie ; j’en recevais les secours les plus importans, et chaque instant de ma journée était encore marqué par quelques soins de l’attention la plus douce et la plus délicate. En développant tout ce que la nature avait mis en moi de sentimens honnêtes, de dispositions heureuses, l’amour et l’estime de mes deux amis m’élevaient à mes propres yeux comme aux leurs. Sous l’influence propice de ce double intérêt, il me semblait que mon existence morale ne cessait