Page:Meister - Betzi.djvu/319

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du moins échapper devant lui que de trop légers indices pour arrêter fortement son attention, ou pour ne pas lui laisser mille moyens de le combatte et de se rassurer. J’étais dominée par la persuasion que rien au monde ne pourrait l’engager à prendre avec moi d’autres liens que ceux qui depuis long-temps faisaient tout le charme de sa vie et de la mienne ; j’étais contente de lui, de son amour ; je craignais de le perdre, mais j’étais mécontente de moi ; je l’affligeais et m’affligeais moi-même ; chaque instant me rappellait combien je devais me trouver heureuse, et chaque mouvement de mon cœur me faisait sentir d’une manière pénible ce qui m’empêchait de l’être : les peines les plus vives, les privations les plus douloureuses n’avaient guère altéré jusqu’alors la douce égalité de mon humeur.