Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/135

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Jugé avec sévérité et d’après les seules œuvres qu’il a données au public, Villiers de l’Isle-Adam pourrait être considéré comme un demi-génie. Mais nous, qui connaissons ses drames, ses romans encore inédits, nous croyons fermement que l’heure n’est pas lointaine où il affirmera incontestablement et dans sa plénitude les hautes facultés dont il n’a montré encore qu’une partie. Il ne pourra être définitivement jugé qu’après la publication d’Axel, la grandiose épopée dramatique à laquelle il travaille depuis bien des années. Je suis convaincu qu’après la lumière incertaine du croissant ce sera l’astre dans sa plénitude ! En attendant lisez Isis, Elen, Morgane, — je vous donne là un conseil difficile à suivre, car Villiers de l’Isle-Adam a éparpillé un peu partout et n’importe où les œuvres de sa jeunesse, — lisez la Révolte, les vers publiés çà et là dans des revues, et ce livre extraordinaire appelé les Contes cruels. Je vous dirai quelques-uns des vers de Villiers de l’Isle-Adam, les plus doux, non les plus hautains, et vous croirez entendre, selon l’expression de Victor Hugo, une flûte invisible « Soupirer dans le verger ».