Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/171

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Par malheur, j’ai reculé pour mieux sauter. Me voici arrivé à ce point de la légende parnassienne où il faudra bien, bon gré mal gré, que je m’occupe et que je vous occupe, hélas ! de mes sonnets et de mes odes de jadis.

Peu de temps après les funérailles tristes et joyeuses de la Revue fantaisiste, je publiai mon premier recueil, Philoméla, livre lyrique, et je dois m’arrèter un peu sur ce volume, puisqu’il est, comme les Vignes folles d’Albert Glatigny et la Revue fantaisiste, une des dates du commencement de notre vie littéraire.

Philoméla, en toute sincérité, me paraît un ouvrage fort médiocre. Je sais bien que mes jeunes amis — j’ai le grand plaisir d’en compter plusieurs parmi les poètes tout nouveaux et parmi les poètes de demain — ont la bonté de ne pas être de mon avis. Ils me jugent trop sévère et témoignent de la sympathie pour mes piètres essais. Cette sympathie s’explique. Philoméla, œuvre de jeunesse, est de leur âge à eux ; ils s’y retrouvent, ils s’y reconnaissent, parce que j’étais alors ce qu’ils sont aujourd’hui ; ce sont des nouveaux-nés qui se plaisent à mes bégaiements. Étant hardis et hasardeux et un