Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/172

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peu frivoles, comme s’il n’est pas coupable de l’être dans les fraîches années de la vie, cela leur plaît de rétrouver chez moi, avec quelque désordre, leurs propres hardiesses, leur amour des hasards, et leurs rêves légers. Mais moi qui ai vieilli, je considère les choses d’autre sorte ; c’est avec des yeux qui s’éblouissent moins facilement que je relis les vers d’autrefois, et en vérité je crois que je mépriserais totalement Philoméla et que je ne lui aurais pas donné place dans le recueil de mes Poésies, si, à défaut de toute autre mérite, mon livre de début me révélait du moins un très honnête et très fier amour de l’art et des belles formes, le soin de la langue et le souci du rhythme. Dans l’enfant que j’étais, il y avait quelqu’un qui voulait devenir un artiste.

Voici l’une des pièces de Philoméla. Je l’ai choisie un peu au hasard ; elle n’est ni la pire, ni la moins mauvaise.



LE ROSSIGNOL


C’était un soir du mois où les grappes sont mûres,
Et celle que je pleure était encore là.
Muette, elle écoutait ton chant sous les ramures,
Élégiaque, oiseau des nuits, Philoméla !