Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/211

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Mon cœur mélancolique aux jours passés rêvait :
Et quand la lune, ayant percé le fin duvet
Du nuage, blanchit par places le mur sombre

(Mes yeux cherchant l’absente et ne la trouvant pas),
Comme un autre amoureux plus pâle, sur mes pas,
Mon ombre avec regret semblait chercher son ombre.



Même quand il se dérobe un instant aux souvenirs, aux rêves moroses, Léon Valade garde cette langueur, et son sourire hésite, presque inachevé, sa bonne humeur se pose à peine comme un papillon qui tremble. S’il lui arrive de peindre des choses qu’il a vues, il se gardera bien des tons violents. Le frais tableau que voici est un pastel si tendre qu’on n’ose le regarder de près, de peur de faire s’en enlever, par son haleine, les couleurs r

AU LEVER


Charmante, les yeux bruns de mollesse baignés,
Dans le désordre exquis des cheveux non peignés,
Jeune fille déjà, l’air d’une enfant encore
(Grâce double ! qui tient de l’aube et de l’aurore),