Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/246

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remercier de la sympathique indulgence que vous avez bien voulu me témoigner.

Il est impossible d’être poète, même très peu, sans avoir quelquefois l’âme hantée de visions. Or, parmi les visions qui me charment, il en est une que je veux vous dire :

Dans une dizaine d’années, — mettons quinze, mais pas plus, — s’il arrive à un étranger curieux de visiter les environs de Paris, de se trouver, par une belle matinée de printemps, sur le bord de l’étang de Ville-d’Avray, cet étranger aura devant les yeux un spectacle vraiment éblouissant ! Là, sur la colline, parmi les chênes et les arbres de Judée, dans toute la verdure et dans toutes les fleurs, s’élèvera un palais d’une magnificence telle que jamais on n’en vit de semblable dans les contes de fées. Palais extraordinaire, en effet, vaste, somptueux, bâti des marbres les plus rares, orné des plus parfaites statues. Chose troublante ! il ressemblera en même temps à une pagode, à un temple grec, et à une villa moderne ; réunissant, dans un ensemble prodigieux sans être disparate, tout l’art et tous les luxes des temps et des pays les plus divers. Et autour de cette resplendissante