Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/248

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joueront les musiques, retrouvées d’Orpheus et de Linos, un homme blond, à l’air doux, seigneurial et calme, en des habits d’une richesse sans égale, sera assis sur un trône, la joue sur le poing, accoudé, paisible, ayant dans l’œil la satisfaction des triomphes démesurés, tandis qu’autour de lui des éphèbes vêtus de poupre et des jeunes filles demi-nues, belles comme les Grâces, — seulement elles seront cent, au lieu d’être trois — s’agenouilleront en offrant au Maître, dans des hanaps d’or et dans des plats d’or, les liqueurs et les fruits les plus rares, symboles d’une abondance infinie ! Alors, certainement, en levant les bras au ciel, l’étranger s’écriera : « Oh ! que de trésors, que de beauté, que de joie ! » Mais l’homme blond assis sur le trône répondra avec une affabilité impériale : « Tu ne vois rien encore ! Quel serait ton étonnement, ô étranger, s’il t’était donné de connaître mes cent quatre fermes en Normandie, mes dix-huit maisons à sept étages, avenue de l’Opéra, et surtout mon passage, ce passage illustre, plus orné de chefs-d’œuvre qu’un musée d’Italie, et où, par ordonnance de police, personne ne passe que la tête découverte et dans