ment amoureuse de la peur et de la mort,
ricanait dans ces courtes pièces d’un art très
volontaire et très subtil. Et si visible qu’y fût
l’influence de Charles Baudelaire, on était bien
forcé d’y reconnaître aussi une saveur perverse,
très personnelle. Depuis, d’autres ouvrages du
même poète témoignèrent d’une meilleure santé
intellectuelle ; et dans les Fêtes Galantes par
exemple il a montré une grâce tout à fait exquise
et des sourires presque sincères. Il dit à une
femme :
Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur,
Et leur chanson se mêle au clair de lune,
Au calme clair de lune de Watteau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.