Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/39

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Mais il serait absurde d’en conclure que les poètes actuels ne sont, ne peuvent être que ses imitateurs, que les pâles reflets de sa lumièie.

À cause même de son immensité, il y a de la place dans ce continent intellectuel pour tous les efforts, pour toutes les entreprises. Chacun, selon son génie, peut y manifester sa pensée, y accomplir son œuvre. Celui qui se meut dans la sphère de Lamartine ou dans celle d’Alfred de Mussetsemble ne faire qu’un avec eux, parce que cette sphère, étant celle d’une personnalité, est forcément étroite. Mais dans l’orbe décrit par ictor Hugo, toutes les ailes sont à l’aise, palpitent librement, peuvent garder l’originalité de leur vol. — Pour reprendre notre première comparaison, est-ce imiter Christophe Colomb que d’aller en Amérique défricher une forêt vierge ?

Donc, être des poètes personnels et nouveaux, sans vouloir rénover de fond en comble l’art poétique du dix-neuvième siècle tel que l’avait promulgué Victor Hugo, être soi tout en procédant de lui, ce fut l’ambition de la plupart des Parnassiens. Ont-ils atteint leur but ? Ce groupe de jeunes hommes a-t-il produit des œuvres