Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/74

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ne dites rien. Nous serions punis si l’on savait ce que nous faisons.

Et les braves gens m’apportent des couvertures de chevaux pour mettre sous mes reins. Ça n’était pas doux, mais du moins je n’étais plus en contact avecla pourriture. Muracciole, en même temps, me donne une carafe pleine d’une belle eau claire et limpide, en place de la sale cruche qui était près de moi, et, bienfait inappréciable ! du tabac et des allumettes. En sortant, il me dit, comme je lui demandai si je ne pouvais pas obtenir un matelas en le payant :

« Ah ! si vous aviez avoué ! »

Puis il me laisse, et l’obscurité recommence.


Mais ce qui fut absolument extraordinaire, ce fut le premier interrogatoire de Glatigny. Je lui rends la parole :


Thessein, superbement campé sur une chaise, me fait avancer.

« Gui êtes-fus ?

— Je vous l’ai dit, je m’appelle Glatigny, je viens du théâtre de Bastia.

— Ce n’est bas vrai. Che fais fus tire fotre nom réel.

— Vous me ferez plaisir.

— Fus êtes Jud ! »

À ces mots, je me sens rassuré complètement. Je me dis que le maréchal des logis, dégrisé, veut se tirer