Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/79

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pourrait bien me faire encore, il aperçoit, blottie au fond du cachot, ma petite chienne. Je pousse un cri, devinant que la rage du misérable allait se tourner contre la pauvre bête. En effet, avec un éclat de rire méchant, lugubre, il empoigne Cosette par la peau, la jette par terre et la pousse dans la cour avec un coup de pied dans le ventre.


Ce fut seulement après huit jours de tortures et de craintes qui devenaient d’heure en heure plus sérieuses, que Glatigny, et Cosette, brisés et rompus, pitoyables, furent mis en liberté, grâce à l’intervention de M. Géry, alors préfet de la Corse. Et, je vous le répète, il n’y a rien d’imaginaire dans cette extraordinaire aventure. J’ai sous les yeux le texte du procès-verbal dressé par l’étonnant gendarme Thessein. Vous allez voir que, lu par un acteur comique, il aurait de quoi faire pouffer de rire, et je ne sais pas de vaudeville où il s’en trouve de plus grotesque.


Procès-verbal


Me trouvant en permission de quatre jours à Bocognano, chez mon beau-frère Muffraggi (Paul), maître d’hôtel, il s’est présenté vers sept heures du soir en notre domicile un individu dont son aspect m’a semblé fugitif.