Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Ces lignes tantôt petites ou grandes
Qui semblent marcher toutes de travers
Et sur le papier défilent par bandes,
On appelle ça quelquefois des vers.

Sais-tu» maintenant, quel est leur usage ?
Je t’aime beaucoup, n’est-ce pas ? Eh bien !
Je devrais baiser ton joli visage
Cent fois et toujours, mais je n’en fais rien.

Je m’assieds, je prends une plume neuve,
Et, le nez en lair, chante nos amours
Pendant qu’à l’écart, ainsi qu’une veuve,
Tu m’attends, hélas ! seule, tous les jours.

Et ceux-là pour qui justement j’apprête
Ces amours chantés avec tant d’éclat
Disent en hochant gravement la tête :
« Ça n’est pas utile au bien de l’État ! »


MARITORNE


C’est la servante de l’auberge
Qui braille là, tout à côté :
Le soir, un peuple s’y goberge
De fins matois mis en gaîté.