une grande reine, tu sais bien que je suis une bonne mère aussi ! Viens près de moi, tout près. On a dû te raconter que j’arrive de Berlin ? J’y suis allée, c’est vrai. Mais ce voyage n’a été qu’un prétexte, qui m’a permis de m’arrêter au château de Liliensée, et tu devines bien maintenant quelle fiancée je t’amène.
— Lisi ! cria le roi, la face plus rouge encore et les yeux écarquillés, fixes, comme si quelque horrible vision se fût dressée devant lui.
— Oui, l’archiduchesse Lisi. Tu es aimé d’elle, tu le sais bien, et toi-même…
— Taisez-vous, ma mère !
— Frédérick ! s’écria la reine, en se redressant, violente.
— Plus un mot, vous dis-je.
— Oh ! si tu refuses, prends garde !
— Je refuse, madame, et je ne tremblerai point. Que pouvez-vous contre moi ? M’arracher la royauté après m’avoir offert l’empire ? Faites. Vous me prendrez mon trône, soit ! Je garderai mon lit.
Il jeta ces paroles et s’enfuit entre les feuillages de soie et les écorces peintes. Des buissons qui s’ébouriffaient en épines fleuries s’écartèrent