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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/107

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MÉPHISTOPHÉLA

le reste, on avait du temps devant soi, on verrait ; Sophie, tout entière, fondait en aise.

Le dîner fut très gai, parmi les extases de Mme d’Hermelinge qui ne pouvait se lasser d’admirer, de tâter, d’embrasser ce gros homme robuste et réjoui qui était sorti d’elle, et les gaietés d’Emmeline qui, un moment, se mit autour de la taille le ceinturon d’où pendait le sabre : le képi sur la tête, les poings aux hanches, elle marchait d’un mur à l’autre, le pas guerrier, en criant : « Par file à gauche ! en avant ! marche ! » Qu’elle était mignonne, avec son air de belliqueuse fillette ! Sophie se montrait tout à fait joyeuse ; puis, le champagne aidant, — car on but du champagne pour fêter l’arrivée du baron Jean, — le dessert s’acheva dans des éclats de rire.

M. d’Hermelinge riait plus fort que tout le monde, rouge par secousses du liseré du col à la racine de ses courts cheveux taillés en brosse, et s’esclaffant jusqu’à une quinte de toux dans la serviette où il enfonçait sa bouche ; le rire d’un brave homme qui s’amuse vite, de tout, et qui est content parce qu’il est bon.

C’était un fort gaillard, trop grand, gros, non point gras, pesant d’os et de muscles, sans mollesse de chair ; en marchant, il ébranlait le plan-