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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/149

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MÉPHISTOPHÉLA

phie, qui l’avait jetée sur son amie, le jour de la première communion, dans la cérémonie presque nuptiale. Que le rut marital lui eût révélé, par le désir qu’elle avait fait éprouver, la vraisemblance d’éprouver elle-même un désir analogue, c’était probable ; elle ne réfléchissait pas ; elle prenait, elle attirait vers soi, de tous ses regards absorbeurs comme d’acharnés tentacules, le sommeil nu d’Emmeline. Un seul sentiment un peu différent de son unique envie : la satisfaction, l’apaisement, — malgré tant de troubles encore, — d’avoir trouvé, détestable ou non, sa voie. Mais elle n’osait pas ce qu’elle voulait. À cause justement de l’excès de sa convoitise, elle craignait, — en la trouble lucidité que permettent les délires de l’instinct, — d’épouvanter, de meurtrir celle qui était l’objet de cette convoitise. Elle avait peur aussi du réveil étonné de ces yeux d’enfant ; que répondrait-elle à son amie disant : « Tu es là ? ah ! mon Dieu, pourquoi es-tu là ? que veux-tu ? laisse-moi, va-t’en ! » Imposer à Emmeline — car elle se sentait forte, avec des virilités dans les bras, — une minute ressemblant à la nuit de noces qu’elle avait subie, elle, Sophie, cela lui apparaissait comme tout à fait impossible. Ce sont les hommes qui sont les violents, qui sont les brutes ! Pour la première fois, l’idée