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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/169

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MÉPHISTOPHÉLA

dans la maison, dans la ville, le train passe à six heures. » Emmeline était pleine de transe ; en même temps elle admirait son amie qui avait pensé à tout, ne s’émouvait de rien ; elles s’éloignèrent très vite.

Ce qui les empêcha d’être rejointes le lendemain ou le surlendemain, c’est que, par une erreur, ou peut-être par suite d’un adroit calcul de Sophie, elles quittèrent le train avant d’arriver à Paris, — à l’une des dernières stations. De là, l’inutilité des poursuites. La femme, à la gare, qui donne les billets, répondit au baron Jean et à Mme d’Hermelinge : « Oui, j’ai bien reconnu ces demoiselles ; même ça m’a étonné de les voir de si grand matin. Elles ont pris deux premières pour Paris. » Et, tandis qu’on les cherchait dans l’immense ville, — « toute la police en l’air ! » comme disait Mme Luberti, — elles étaient dans une des petites localités voisines de Paris, village presque banlieue, où l’on ne pouvait s’aviser de les aller surprendre. Justement, le patron de l’hôtel où elles descendirent avait une maison à louer dans une île, entre deux bras de la Seine, un chalet plutôt, où, l’an passé, un peintre avait mis son atelier. « Pendant la semaine, ce n’est pas bien gai, dit le propriétaire ; mais le dimanche, je vous promets qu’on s’amuse.