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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/172

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MÉPHISTOPHÉLA

s’atténua, cessa ; ce furent dès le matin des courses.

— Viens-tu ? criait d’en bas Sophie, habillée la première.

Elle s’était fait de sa robe un fantasque habit garçonnier : le corsage dégrafé sur une chemisette à plis avait l’air d’un gilet d’homme, la jupe en deux morceaux enroulée autour des jambes imitait un pantalon ; et, sous un grand chapeau de paille sans fleurs ni rubans, elle se campait en une cambrure fière, un poing sur la hanche.

Dans un entrebâillement de la fenêtre, Emmeline montrait sa mignonne tête ébouriffée et un peu de son épaule hors de la chemise glissante sur la pente grasse du bras.

— Je descends tout de suite !

— Comment, paresseuse, tu n’es pas encore prête ? Dépêche-toi ou je monte.

— Non, non, ne monte pas, je viens.

Quelques instants après, Emmeline sortait de la maison. Elle n’avait pas encore eu le temps de dire : « Me voilà ! » que déjà Sophie l’avait prise par la taille et soulevée ; très forte, elle la tenait en l’air en lui mettant des baisers brusques, multipliés, sur les yeux, dans les cheveux, dans le cou.