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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/181

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MÉPHISTOPHÉLA

comme avec mes bras ? Je t’aime ! je t’aime ! Ne te fâche pas. Tu es mauvaise souvent, quand tu boudes, ou quand tu ris. Quand tu ris surtout. Tourne-toi un peu, mets-toi tout à fait contre moi, afin que ton cœur batte sur le mien. Attends, tu vas sentir battre mon cœur. Le sens-tu ? Ils battent l’un après l’autre, nos cœurs, puis ensemble, et c’est un seul battement, et c’est le même cœur. Ah ! petite chérie. Baisse la tête. Tu veux bien que je morde, pendant que nous marchons, les petits cheveux que tu as près de l’oreille ? Tu as dans les cheveux une odeur qui ne ressemble à aucune odeur. Ne réponds pas, ne dis rien. Tu me fais de la peine, quand tu as peur. Peur de moi ! Ah ! ceux qu’il faut craindre, ma chérie, ce sont les hommes, les méchants hommes. Tu le sais bien, qu’ils sont cruels ! Tu as vu comme il m’a battue et torturée et tuée, parce que je te regardais dormir. Mais, le plus affreux, tu l’ignores. Je l’ai appris, puisqu’on m’a mariée ! L’amour des hommes, vois-tu, est plus épouvantable que leur colère. Moi, je suis douce, n’est-ce pas ? Je suis forte aussi, mais si tendre. Jamais je ne te ferai du mal, ma frêle et tendre mignonne. Quelquefois, elle ressemble au parfum d’une rose blonde qu’on aurait brûlée sur un petit bûcher de santal, l’odeur de tes