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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/22

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MÉPHISTOPHÉLA

vivantes qui se sont vouées aux excitants. L’homme a voulu être dieu, et bientôt le voilà, en vertu d’une loi incontrôlable, tombé plus bas que sa nature réelle. C’est une âme qui se vend en détail. » Il y a peut-être mieux qu’un rapport, il y a peut-être identité parfaite entre les Fausts conquis par les Méphistophélès et tous les convoiteurs de Paradis artificiels qui demandent à la puissance décevante des Drogues la réalisation, dans l’humanité, du plus qu’humain. On les croit ivres, ils sont possédés. Puisque la toute-vertu céleste a sa présence réelle dans le Pain et le Vin, il se pourrait que la diabolique malice fût consubstantielle à l’opium, au haschich, à la morphine ; l’avaleur d’alcool boit Satan ; l’hémétique est un exorciste.

Si les mauvais esprits peuvent hanter l’homme et s’installer en lui, c’est un morne démon ou une morne démone — car pourquoi les tentateurs n’auraient-ils pas l’un ou l’autre sexe, plus brutaux d’être mâles, plus sournois et plus insinuants d’être femelles ? — qui tient la baronne Sophor d’Hermelinge.

Ce qu’on sait d’elle déconcerte par la mesure, la précision, la netteté dans le forfait. Elle se montre épouvantable, posément. Morose en ses affreuses joies, elle est perverse avec gravité et