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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/229

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MÉPHISTOPHÉLA

qui s’épanouissent, sauvages, aux buissons ou dans la prairie ; une odeur de roses artificielles qu’on aurait mouillées de grisantes essences, voilà ce qui sortait d’elles ; et, par instants, en une recrudescence du regard, le parfum s’échauffait, s’exaspérait ; l’exhalaison des artificielles fleurs parfumées se compliquait d’une effluence d’intimités féminines, artificielles aussi, vivantes pourtant, qui, comme expirée des essoufflements d’une gorge où la chair sous la poudre de riz s’attendrit de sueur, se faisait, par bouffées, plus chaleureuse, plus irrésistible. Comme liée de la brûlante et affolante caresse qui pourtant ne la touchait point, Sophie, les yeux toujours clos, ne bougeait pas, ne songeait plus à rien, éprouvait seulement, quoi donc ? Le dégoût qu’elle avait eu de cette fille entrée là et si impudemment bavarde, la colère, les humiliations de l’orgueil, et la curiosité aussi de la science qu’elle supposait en Magalo, tout cela n’était plus, s’était dispersé, avait fondu dans une langueur sous l’enveloppement de l’odorant regard ; et elle ne savait plus où elle était, elle sentait, voilà tout, qu’elle était environnée d’une délicieuse et dangereuse menace… Brusquement un souffle qui était comme une fumée de musc brûlé lui dessécha