et la lassitude ou l’impossibilité des réalisations, l’homme qui a, dans le Parisien, sa manifestation totale, ne saurait trouver d’allègement à sa perpétuelle angoisse que dans l’abolition aussi parfaite que possible de soi-même. S’oublier ! s’ignorer ! Il n’y a de contentement qu’en l’inconnaissance. Mais qu’il est difficile, l’oubli ! tous le cherchent, peu le trouvent. L’ivrogne n’est pas toujours ivre, le fou a des heures lucides. On dirait que l’immémorial désespoir humain a tari le Léthé.
— Eh bien ! venez oublier, avec moi, en jouant.
— Non, j’ai des devoirs qui m’intéressent, oh ! à peine. Je crois même qu’ils ne m’intéressent pas du tout. Je les remplis par habitude. Il faut que j’aille voir mes malades.
— Vos malades ? après minuit ?
— C’est mon heure, et la leur.
Après s’être serré la main, les deux hommes se séparèrent. Mais en tournant la tête, M. de Maël-Parbaix vit le docteur traverser le terre-plein de la place, se diriger vers l’Opéra ; il le rejoignit, et dit avec un peu d’ironie :
— Vos malades sont là, dans cette fête ?
— Sans doute. Les plus gravement atteints. Je vais étudier les progrès de la maladie, sans espérance, hélas ! de la guérir.