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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/240

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MÉPHISTOPHÉLA

— Je n’ai guère envie, cette nuit, de gagner ou de perdre. Voulez-vous me permettre de vous suivre…

— À ma clinique ? très volontiers.

— Au moins, le mal n’est pas contagieux ? dit M. de Maël-Parbaix avec un peu de honte, d’ailleurs, de sa médiocre plaisanterie.

— Certes, il l’est. Mais qu’importe ? puisque, inévitablement, vous en serez atteint, si vous ne l’êtes déjà.

Ils montèrent l’escalier tout pâle de clarté, poussèrent un battant de cuir, entrèrent.

M. de Maël-Parbaix était un fort célèbre clubman. Ce nom « clubman », on le donnait déjà à ces aimables oisifs, levés tard, qui traînent la paresse de leur indifférence de la salle d’armes au cercle, du cercle à l’alcôve de quelque cabotine pas encore rentrée mais qu’on attend, couché, le cigare aux lèvres, sur la chaise longue du cabinet de toilette où se mêle aux parfums de vingt flacons cette odeur persistante, inchassable, l’odeur de l’amour lavé. Eh ! oui, lavé, puisqu’il fut sale. Entre l’assaut chez le maître fameux, et le baccara sur quelque tapis vert bien famé, il y a eu le dîner en habit noir, dans la gargotte à la mode, sans appétit. Avoir faim ! cette admirable santé est refusée aux viveurs, même à ceux qui