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Page:Mendès - Méphistophéla, 1890.djvu/243

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MÉPHISTOPHÉLA

Savant ? oui, incontestablement ; ses travaux, ses livres, avaient obligé à une certaine estime même les rares hommes, qui, solitaires dans leurs laboratoires, se dérobent à la curiosité des reporters. De là, sa renommée extraordinaire et son autorité presque triomphale dans le monde parisien. À ceux qu’alarmait l’excès de sa paradoxale faconde, on objectait la solidité de ses titres à la confiance ; les femmes, qui raffolaient de lui, étaient ravies et fières de pouvoir motiver leur enthousiasme ; et ce qu’il avait de semblable à Berthelot ou à Pasteur, autorisait à s’éprendre de ce qu’il avait de pareil à Cagliostro. Il n’était pas sans ressemblance avec un prophète qui tirerait les cartes. Il les tirait bien. La spécialité des études où il s’était longtemps consacré confinait d’un si étroit voisinage aux rites des magies et des sorcelleries ; la réalité de ses expériences, — en la recherche vers l’ignoré des hystéries et des suggestions magnétiques, — était si proche de l’impossibilité réalisée, du prodige, qu’il apparaissait comme un investigateur qui serait une espèce de thaumaturge ; mais il excellait à user de ce qu’elles avaient, certainement, de scientifique, pour ne point trop émerveiller de ce qu’elles avaient, peut-être, d’illusoire. Et la parfaite distinction de sa personne,